Le début de ce trimestre fut marqué par une horrible dépression ; la seule envie qui m’animait était de rentrer à Lomé (capitale du TOGO), de voir et passer du temps avec ma meilleure amie, de profiter du soleil, et de manger les mets succulents cuisinés par ma grand-mère. Je harcelais mon frère pour qu’il me trouve un bon plan afin que je prenne un billet, mais il m’a gentiment ramené à la réalité du moment, ainsi que les contraintes de voyager dans mon état.
25 août : C’était le jour où on devait découvrir le sexe du bébé et on avait hâte. Le chéri disait qu’il sentait que ça serait une fille. Il était convaincu que le bébé qu’on avait perdu était un garçon vu que j’avais des symptômes différents de cette grossesse. J’étais plutôt réservée de mon côté ; je ne voulais pas me faire des films pour rien. Je suis une personne qui aime tout prévoir, alors il était hors de question que le sexe reste inconnu jusqu’au jour de l’accouchement ; impossible pour moi de tenir. Dès que j’ai vu l’image sur l’écran, j’ai dit à mon homme que c’était une fille. Je m’étais documentée sur le sujet, donc je ne pouvais pas me tromper. Le docteur a confirmé mes dires. On était juste HEUREUX, we are having a BABY GIRL.
Le bourgeon a tendance à remonter chez les garçons, et reste plat chez les filles comme l’indique clairement la photo.
C’est fou, mais je me suis immédiatement projetée ; je lui ferai découvrir mes passions, elle sera ma complice, mon amie, ma force, mon tout. Je confesse que je désirais plus que tout avoir une fille, et ce, depuis l’enfance. J’ai toujours eu une dent contre le patriarcat et la place de choix donnée aux garçons dans nos sociétés africaines, surtout quand ces derniers occupent la première place. Mon plus grand souhait était d’avoir une fille en premier, puis si Dieu veut, un garçon pour leur inculquer que la femme n’est pas inférieure à l’homme, et qu’en tant que petit frère, il devra respect et considération à sa grande sœur ainsi qu’à toutes les femmes …
22 septembre : deux jours avant mon anniversaire, j’avais rendez-vous à l’hôpital pour l’échographie du T2. Les nouvelles que m’a données le médecin n’étaient pas encourageantes :
Madame, votre bébé a un retard de croissance probablement dû à la drépanocytose et à une ébauche de notch utérin côté droit.
Pour moi, c’était du charabia qui a eu le don de me mettre dans tous mes états. J’ai pris peur et pendant que nous patientions dans la salle d’attente de mon gynécologue, j’ai consulté Dr Google. Je pensais que j’allais peut être avoir un bébé attardé et j’ai fondu en larmes en me cachant du chéri qui était assis à côté tout inquiet. Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il était en voyage lors de ma fausse couche et s’en est voulu énormément, alors pour cette fois-ci, il me conduisait et était avec moi à presque tous les rendez vous médicaux, malgré son emploi du temps chargé.
Bon Dieu qu’est ce que c’est que cette épreuve encore ? Néanmoins, j’ai essayé de me calmer et de m’en remettre à sa volonté tout en espérant un dénouement positif. Plus tard, j’ai vu mon toubib qui m’a expliqué qu’en fait mon bébé bougeait bien (un peu trop d’ailleurs), que tous ses organes étaient normaux, sauf sa croissance qui se situait au 9ème percentile ie légèrement en dessous de la courbe normale requise au stade où j’étais. Ma petite douceur pesait 524 grammes, et mes artères utérines fonctionnaient moins bien à droite ce qui provoquait un ralentissement du flux sanguin entre l’utérus et la grossesse. Pour faire simple, j’avais un petit bébé et c’était courant chez les patientes atteintes de drépanocytose. Elle a essayé de me rassurer sans se prononcer plus que ça et m’a programmé une échographie de contrôle deux semaines plus tard en vue de voir comment le bébé aura évolué. En fonction de son développement, elle pensera à renforcer la surveillance ou à un déclenchement. Elle a également dit que les résultats de mes analyses d’urine lui font soupçonner une infection urinaire assez complexe et délicate, qui finalement s’est révélée une fausse alerte. En ce qui concerne les douleurs de la hanche, merci encore à la drépanocytose, j’ai eu droit à un examen du col pour éliminer tout doute sur son ouverture et me suis vu prescrit de la vitamine D (quand je pense qu’au pays, on a pas besoin de boire cette vitamine pour l’avoir dans notre organisme 😒).
Les deux semaines d’attente avant le contrôle m’ont semblé être une éternité. J’ai exposé mon problème sur l’application WeMoms et les filles m’ont rassuré avec leurs témoignages personnels puis m’ont donné des conseils et astuces afin d’aider bébé à grandir ; parmi elles :
- Arrêter toute activité physique intense et se mettre au repos, ne pas stresser ou angoisser pour pas que bébé le ressente et surtout pour ne pas provoquer une crise d’hématie
- Manger équilibré (au moins 2 avocats par semaine et 1 produit laitier par jour)
- Boire de l’eau riche en calcium et magnésium
- Se coucher sur la gauche pour faire mieux passer le sang dans l’artère
J’ai aussitôt mis les recommandations en pratique malgré le fait que mon dégoût alimentaire persistait. J’hésitais à ce moment à faire nos valises pour la maternité parce que j’avais peur qu’on me fasse accoucher. La foi m’a fait dire que c’était trop tôt, l’heure n’avait pas encore sonné pour que mon ange sorte de son cocon. Cependant, nous avions commencé à ce moment à acheter le reste de ce qu’il fallait pour boucler la valise (liniment, couches, langes, etc.) qui ne sera finalement bouclée que fin novembre.
Aux maux du premier trimestre se sont ajoutés l’hypersensibilité et les sautes d’humeurs ; moi qui d’habitude reste de marbre face à certaines choses, j’ai commencé à pleurer pour un rien devant les téléfilms 🤣.
24 septembre : en parlant d’humeur, j’étais tellement à fleur de peau les jours qui ont suivi notre consultation au point où le chéri et moi on a failli s’embrouiller pour mon déjeuner/dîner d’anniversaire, alors que le gars me préparait une fête surprise. Il a failli abandonner, mais avec la complicité de nos proches, il a réussi, et tout le monde m’a remonté le moral et a été à mes petits soins ce jour-là, et tous les autres d’ailleurs. Mon oncle, je me rappelle ne cessait de me dire, Safi ménage toi, il faut que tu restes allongée, etc. (purée, ça fait du bien d’être chouchoutée).
L’insomnie s’est logée dans ma vie sans que je ne l’y invite chamboulant ainsi mes heures de sommeil. Je dormais très peu de la journée et pas du tout la nuit, genre, je me couchais au plus tôt à 4 heures du matin pour me réveiller à 12 heures et je faisais rarement des siestes. Cependant, bébé a commencé à bouger et je le sentais surtout la nuit, on se tenait compagnie et je savourais chaque instant et chaque progrès de mon amour. Au début, j’avais la sensation de chatouillements, puis des papillons dans le ventre, pour ensuite sentir clairement ses mouvements. Des fois, papa restait éveillé avec nous pour la sentir bouger, mais la coquine arrêtait dès que son père posait la main sur le ventre, hahahah.
5 octobre : le jour de contrôle convenu avec la gynécologue ; bébé a bien rattrapé son retard (759 g). Ouf ! Encore une petite victoire, mes efforts ont payé et Dieu a encore honoré son nom. Par contre mon médecin partait pour de longs congés et m’a confié à une de ses collègues. J’étais un peu déçue de la nouvelle, mais elle m’a dit qu’elle me laisserait entre de bonnes mains. Je n’avais plus qu’à espérer que le nouveau praticien soit professionnel, humain, et qu’on s’entende bien.
Pendant ce trimestre, se sont présentées les fameuses douleurs ligamentaires (l’utérus grossit pour faire toute la place nécessaire au bébé et ne ménage pas du tout les ligaments qui doivent supporter son poids croissant.). Je ne sais pas si ça diffère d’une femme à l’autre, mais outre les symptômes courants (tiraillements dans le bas-ventre, au niveau du pubis, du périnée, des cuisses et des fesses), j’ai eu très très mal aux côtes.
12 octobre : Bébé bouge moins, ça fait trois jours que j’ai constamment mal au bas-ventre, j’ai des pertes, j’ai des contractions de braxton, le doliprane et le spasfon ne font pas passer les douleurs, nous nous sommes retrouvés aux urgences. Ma tension et ma température étaient un chouia basses (9.6 et 36°). Un test du liquide amniotique a été fait et s’est révélé négatif. Mon col était tonique, ferme et long, ce qui veut dire que rien ne clochait. On m’a ensuite mis 30 minutes au monitoring pour surveiller les battements du cœur de ma princesse, puis réaliser une écho-doppler en vue d’examiner la circulation de sang chez bébé, ainsi que dans l’utérus et le placenta. La sage-femme nous laisse rentrer avec une prescription de magnésium (gelules et eau Hepar).
13 octobre : retour aux urgences pour un check-up. Tout allait bien.
Jusque là je n’avais pas repris les kilos perdus mais j’ai commencé à manger un peu. J’avais une hémorroïde, mais j’étais heureuse de savoir que mon bébé grandissait en bonne santé dans ce ventre qu’on reconnaissait à peine.
Les mamans ou femmes enceintes qui me lisent, comment s’est passée ou se passe votre second trimestre de grossesse ?
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Bisous et à très vite pour la suite de l’aventure.